La famille Reiman habite au 114 rue du Temple dans le 3ème arrondissement. Abraham et Malka ont émigré de Pologne pour « le pays des Lumières et de Zola » comme aime à le répéter ce père de famille amoureux de sa nouvelle patrie. Il s’est fait une très belle situation à Paris ce qui lui permet de traiter sa femme et ses filles, Madeleine et Arlette, comme des princesses. Dès la déclaration de la guerre, Abraham se porte naturellement volontaire. Démobilisé après l’armistice, il sera arrêté lors de la rafle du Billet Vert en mai 1941. A partir de ce moment, la vie des Reiman est mise sens dessus-dessous. Interné à Pithiviers puis envoyé en « destination inconnue », Abraham ne saura probablement pas que sa femme et ses enfants ont été raflées le 16 juillet 1942, internées dans le Vélodrome d’Hiver, enfermées au camp de Beaune-la-Rolande. Il ne saura probablement pas que ses filles devront vivre cachées tandis que Malka est forcée de travailler pour l’occupant allemand. Il ne reviendra pas mais Malka, ne pouvant vivre sans son amour d’enfance, le rejoindra. En janvier 1946, Madeleine et Arlette sont toutes seules. Contrairement à ce qu’Arlette pensait, les amis de son père, Zola et Voltaire, ne sont jamais venus les aider.
Epoustouflantes de résilience, de courage, de droiture, les petites filles devenues jeunes filles épousent deux frères, Charles et Joseph Testyler. Ces jeunes hommes à la dérive reviennent des camps. Ils y ont perdu tous les leurs, y ont vécu l’inimaginable, y ont vu la mort en face. Tous les quatre, ils choisissent la vie et reconstruisent une famille.
Arlette et Charles n’auront de cesse de témoigner, surtout dans les écoles. Ils écrivent un livre, Les Enfants aussi ! La grandeur d’âme et la joie de vivre de ces anciens enfants dépouillés de tout est un inestimable cadeau pour nous tous.
Watch the full interview in French | VHA Interview Code: 7584