Ce site a été créé dans le cadre d'un cours d'histoire et de culture françaises enseigné à University of Pennsylvania et intitulé Paris sous l'occupation allemande et ses [non-] lieux de mémoire. La création du cours soulevait plusieurs questions : Comment des étudiants d'une université américaine, apprenant le français comme langue étrangère, pourraient-ils comprendre un passé qu'aucun de nous n'a vécu ? Et comment attendre d'eux - dont certains ne sont jamais allés à Paris - qu'ils imaginent la ville sous l'occupation allemande alors même qu'ils n'en connaissent pas l'espace actuel ?
Après un premier galop d'essai et sur l'avis des étudiants à la fin du semestre, l'idée d'une carte interactive est apparue comme une solution pour répondre à ces questions. Le projet Authorial London a été une première source d'inspiration. Malheureusement, le logiciel développé par Stanford University n'était pas encore prêt à être partagé. Ainsi, avec le soutien des bibliothèques de University of Pennsylvania et du Price Lab for Digital Humanities, une première carte a été conçue à l'aide du plug-in Neatline et hébergée sur Omeka. Plus tard, au cours de l'été 2021, une cohorte du Price Lab a commencé la création du site Web actuel. Le design de l'étagère, inspiré du thème Tumblr Otlet's Shelf, encourage les internautes à "parcourir les rayons" et offre un espace où les histoires des personnes disparues retrouvent leur voix.
Mais avant de plonger dans l'histoire de la création de la carte, faisons un détour...
Le peintre Simon Hantaï a développé une méthode particulière qu'il a appelée pliage. Le mot méthode, par opposition au mot technique, souligne le fait que le peintre ne prétendait pas avoir le contrôle total des moyens qu'il employait et ne recherchait pas un résultat précis. Sa méthode consistait à plier, froisser, nouer la toile dont les dimensions étaient généralement démesurées.
Il procédait ensuite à la pose de la toile sur le sol et en peignait les espaces convexes visibles. À genoux et penché sur son travail, Hantaï se privait intentionnellement de pouvoir tout voir et par conséquent ne pouvait envisager le résultat final. C'est ce qu'il appelait le silence rétinien. Une fois la peinture sèche, il défaisait les liens et dépliait la toile.
Dans le catalogue d'une rétrospective de 1976, Hantaï a partagé une photographie familiale révélant l'origine de sa méthode. La photographie montre sa mère revêtue d'un tablier méticuleusement repassé. Les plis symétriques visibles sur le tissu luisant transforment le tablier maternel en l'une des toiles peintes par le fils. Comme l’explique Georges Didi-Huberman, la méthode de pliage a aidé le peintre à faire remonter des souvenirs à la surface.
Le dépliage était une révélation. Hantaï disait que le hasard était l’agent clé de son travail. C’est lui qui faisait apparaître ce que l’artiste ne pouvait pas même imaginer. Didi-Huberman appelle étoilement ces étoiles blanches laissées sur la toile par les nœuds disparus. Le poète Dominique Fourcade explique que l'effet d'étoilement représente "une sorte de soulèvement, de suspension, de prolongation d'un temps qui n'est pas censé durer."
Lorsque la toile est tendue et retrouve la verticalité qui lui a été refusée pendant sa confection, on se surprend à entendre et à voir battre son cœur.
"J'ai réalisé quel était mon véritable sujet : la résurgence du sol sous ma peinture".
Revenons à la carte...
Pour commencer, pour 5 euros sur eBay, j'ai acheté un agenda de poche promotionnel de 1940 avec un plan de Paris plié à l'intérieur. Il était offert aux clients des Galeries Lafayette. J'aimais l'idée d'une carte qui avait été trimballée et manipulée par un.e inconnu.e. Par ailleurs, l'histoire du grand magasin est une page arrachée à l'histoire de l'Occupation. À la fin de 1940, il a été aryanisé, ses propriétaires et employés juifs ont été expulsés et remplacés par des non-juifs. La carte a été dépliée et scannée en laissant apparaître les plis que le temps avait laissés sur le papier.
L'image numérique de la carte a ensuite été superposée à une carte numérique du Paris actuel. L'ancienne carte papier a été repliée et replacée dans son agenda. Dès lors, j'ai suivi la même méthode ancrée dans l'imprévisibilité qu'Hantaï : penchée sur la toile qu'était devenu mon sol jonché de livres, de feuilles volantes, de notes éparses, j'ai adopté la vision disloquée et flottante du peintre. J'ai sélectionné les textes en fonction de l'objectif fixé pour mon cours, à savoir rendre l'époque aussi palpable que possible. J'ai noué toutes formes de textes ensemble. Au lieu de badigeonner de peinture ce montage comme l’artiste le faisait, je l'ai transposé sur la carte à l'aide de la plateforme Neatline. Malgré la position frontale que j'avais tout à coup face à l'écran de mon ordinateur, j'ai continué à avancer à l'aveuglette. J'épinglais mécaniquement, je cousais les échantillons sur la trame de la carte sans savoir ce qui allait apparaître pour finir, ni même s'il y avait une fin. Lorsque je faisais un zoom arrière, des blancs ponctuaient la carte. Curieusement, il ne s'agissait pas de blancs obscurs, signes d'un effacement inévitable. Ils se dressaient tels des sémaphores me poussant à continuer mon travail de couture.
Environ 240 lieux clés ont été géolocalisés et identifiés avec une description du lieu avant la guerre, pendant la guerre et après la guerre. Les lieux ont d'abord été sélectionnés en suivant le précieux guide de Cécile Desprairies, Paris dans la Collaboration, qui est organisé par arrondissement. Presque chaque pin est accompagné d'une photo et d'extraits
• d’une sélection de mémoires écrits par des acteurs de l’histoire qui ont survécu et ont été publiés après la guerre comme le préfet de Paris Roger Langeron, le journaliste Pierre Audiat, l'avocat Maurice Garçon, le romancier Jean Guéhenno, l'historien Georges Wellers, l'artiste allemand Arno Breker, etc.
• des textes écrits par 2 jeunes témoins qui n'ont pas survécu à la guerre : Hélène Berr, Louise Jacobson
• des textes écrits par de jeunes témoins devenus plus tard écrivains : Sarah Kofman, Marcel Cohen, Patrick Modiano, Georges Perec.
L'intérêt de la carte repose sur la visualisation spatiale de l'Histoire qu'elle permet d’avoir et qui contribue à réduire la distance historique et psychologique qui sépare hier et aujourd'hui. Prenons l'exemple du Vélodrome d'Hiver où 13 000 juifs ont été enfermés après avoir été raflés le 16 juillet 1942 avant d'être envoyés dans des camps. Le vélodrome était un stade couvert célèbre pour ses courses cyclistes. Au milieu des années 30, il a accueilli de nombreuses conventions politiques menées par le futur Premier Ministre socialiste, Léon Blum, un juif. La rafle de juillet 1942 est connue aujourd' hui sous le nom de rafle du Vel d'Hiv. Le fait de pouvoir voir où se trouvait le Vél d'Hiv - il n'existe plus - nous fait d'abord remarquer à quel point il était étonnamment proche de la Tour Eiffel ( de fait, il n'y avait que 10 minutes de marche). Nous pouvons également lire sur la carte qu'il se trouvait dans l’espace liminaire reliant les quartiers industriels du sud - mieux représentés par l'usine automobile Citroën où le taylorisme a été expérimenté pour la première fois en France - et la zone développée par les différentes expositions universelles que Paris a accueillies. L'une des caractéristiques de ces expositions était de construire des lieux programmés pour être effacés de la carte presque immédiatement après et remplacés par d’autres.
En cliquant sur le pin du Vélodrome sur la carte, on accède à des pages de journaux d'époque qui, à leur tour, donnent au lecteur un aperçu plus précis de la trame de l'époque. En effet, dans le Paris-Soir d'octobre 1941, trois rubriques font référence au Vélodrome : Nélaton et Grenelle qui sont les noms des 2 rues où se situait le vélodrome et l’expression "La Nuit des Etoiles" qui heureusement ne fait pas référence aux étoiles jaunes qui devaient être arborées à partir du mois de mai suivant.
Outre les rappels évidents du contexte historique tels que les petites annonces recherchant des employés parlant allemand ou la mention de coupons pour acheter des produits de la vie quotidienne, si l'on examine la BD et la publicité pour la lessive, on constate les formes insidieuses qu’a prises le récit idéologique du régime de Vichy. Elles font écho à la rhétorique omniprésente sur le nettoyage / l'épuration du tissu social qui a endossé sa forme onomastique la plus spectaculaire dans le nom de code donné à la rafle de juillet : Opération Vent Printanier.
Sur la page du Paris-Soir du 17 septembre 1942, on peut lire que 2 mois à peine après la rafle, le Vel d'Hiv a retrouvé sa fonction de divertissement. Il a accueilli un combat de boxe avec le plus célèbre boxeur français de l’époque, Marcel Cerdan. Les recettes devaient être reversées aux familles des prisonniers dans le besoin. Si l'événement de collecte de fonds tente de couvrir les crimes antisémites communément commis à l'époque, l'annonce d'une grande vente aux enchères publique, juste en dessous, ramène la réalité à la surface. En effet, l'annonce fait écho aux ventes publiques florissantes de biens juifs spoliés. Dans le contexte de la carte, elle incite à cliquer sur l'icône des salles des ventes et amène le lecteur à comprendre le lien intrinsèque entre l'activité commerciale du lieu et l'idéologie d'épuration mise en place par les Nazis et le régime de Vichy.
Ainsi, combinée aux différents supports mettant en évidence, d'une part, le caractère éphémère de l'espace et, d'autre part, le thème omniprésent de l'assainissement, la visualisation de l'emplacement du vélodrome semble nous raconter l'histoire d'un bâtiment prédestiné, bien avant juillet 1942, à servir d'antichambre aux lieux d’anéantissement que sont les chambres à gaz et qui a prédit l'amnésie a entouré son histoire après la guerre.
L'histoire de l'immeuble Lévitan présente des caractéristiques similaires. Situé près de la gare de l'Est, Lévitan était un célèbre magasin de meubles modernes appartenant à M. Levitan, un juif, connu pour ses campagnes publicitaires originales dans les années 1930. Sur l'une des publicités figurant sur la carte, M. Levitan est présenté comme un membre perpétuel de la confrérie des cheminots et offre des réductions spéciales à ses soi-disant frères.
Sur une autre, une fillette blonde le remercie de lui avoir offert des jouets tandis qu'une autre publicité promet que les meubles Lévitan procurent le bonheur familial et la jeunesse éternelle. En 1943, comme l'écrit Hélène Berr dans son journal, il est transformé en entrepôt où des prisonniers de Drancy nettoient, réparent et emballent des biens pillés aux juifs tels que des jouets, des meubles de salon, du linge de maison pour les envoyer en Allemagne à des familles dans le besoin. Il est également devenu le grand magasin personnel des autorités nazies qui venaient régulièrement y faire leurs emplettes gratuitement. Les biens spoliés restants partaient en train, de la Gare de l'Est, vers l'Allemagne où de nombreux enfants, peut-être blonds, étaient heureux de jouer avec des jouets d'occasion remis à neuf. De la Gare de l'Es partaient aussi des convois de Juifs en direction des camps d'extermination. Beaucoup y sont malheureusement restés jeunes à jamais. Le bâtiment est aujourd'hui le siège du Bon Coin.
Si les lieux parisiens célèbres sont déjà connus de la plupart des étudiants, la carte fait ressortir les récits insoupçonnés qui se cachent derrière ces lieux. Elle nous rappelle ce que Patrick Modiano, qui a reçu le prix Nobel pour " l'art de la mémoire avec lequel il a évoqué les destinées humaines les plus insaisissables et dévoilé le monde de l'Occupation", a décrit dans son discours d'Oslo:
[...] "C’est ainsi que dans ma jeunesse, pour m’aider à écrire, j’essayais de retrouver de vieux annuaires de Paris, surtout ceux où les noms sont répertoriés par rues avec les numéros des immeubles. J’avais l’impression, page après page, d’avoir sous les yeux une radiographie de la ville, mais d’une ville engloutie, comme l’Atlantide, et de respirer l’odeur du temps. A cause des années qui s’étaient écoulées, les seules traces qu’avaient laissées ces milliers d’inconnus, c’étaient leurs noms, leurs adresses et leurs numéros de téléphone.”
Neatline rend littéralement visibles les liens ontologiques entre les couches temporelles, renforçant ainsi la métaphore du palimpseste de Modiano. En effet, dès que l'on se connecte à la carte, pendant une seconde, on peut voir les couches se superposer, la carte de la Seconde Guerre mondiale se recomposer pour finalement recouvrir la carte actuelle de Paris.
La trame du cours était initialement tissée autour de l'histoire de trois jeunes femmes : Hélène Berr, Dora Bruder et Louise Jacobson. Hélène a écrit un journal intime commencé en 1942 et interrompu en 1944 lorsqu'elle a été arrêtée. Louise a écrit des lettres rédigées pendant sa captivité dans la prison de Fresnes et le camp de Drancy. Les parents de Dora ont fait paraître une annonce dans le journal demandant à toute personne qui aurait vu leur fille en fugue de les contacter. Elles sont toutes mortes en déportation.
"Je n'entends pas ce qu'elle dit." La confusion lexicale d'une étudiante dont la langue maternelle est l'espagnol a été un autre moment décisif. Traduire entender (comprendre) par le français entendre pour expliquer qu'elle ne comprenait pas ce qu'Hélène Berr écrivait faisait parfaitement sens : comment comprendre l'Histoire si l'on ne peut pas entendre les histoires de ceux qui ont été directement touchés par elle ? Comment se connecter à une époque si l'on ne peut pas s'identifier aux personnes qui y ont vécu ? Qu'en est-il des histoires de ceux qui n'ont pas écrit les livres d'histoire ? Ceux dont la voix n'a pas été entendue, soit parce qu'ils n'étaient pas considérés comme des sources majeures, soit simplement parce qu'ils ne pouvaient plus parler ?
J'ai obtenu la bourse d'enseignement Rutman pour mener des recherches à USC Shoah Foundation Visual History Archive. Les VHA comptent 52.000 témoignages de témoins de l'Holocauste. Environ 2.000 sont en français. Je n'avais que 4 jours. Pour m'y retrouver dans cet océan d'histoires, j'ai effectué une recherche dans la base de données en utilisant les mots-clés Dora, Hélène, Louise, le lieu de Paris et l'année de naissance de chaque fille comme critères de référence croisée. Je cherchais des femmes qui, à la différence de Dora, Hélène et Louise, ont pu raconter leur histoire en personne une fois la guerre terminée. C'est ainsi que j'ai rencontré Francine Christophe, Annette Muller et Arlette Testyler.Les récits de la Fondation Shoah VHA aident littéralement les élèves à entendre le passé et les voix de ceux qui ont disparu ou qui ne devaient pas être entendus. Les témoignages ont été transcrits pour faciliter la compréhension et des cartes individuelles ont été créées pour accueillir ces voix. Dans ce cas, les cartes numériques nous permettent de suivre les pas des témoins à travers ce qui était autrefois le paysage de leur enfance.
Une nouvelle question a émergé. Maintenant que nous pouvions entendre la voix des gens, pourquoi ne pas écouter la ville elle-même nous raconter les histoires ? Après tout, j'avais peut-être mal compris la phrase de mon étudiante : "Je ne peux pas entendre ce qu'elle dit." Le pronom elle aurait pu faire référence à "la ville". Je n'entends pas ce que dit la ville. Alors comment faire parler la ville ?
Inspirée par la conférence, organisée par la bibliothèque de University of Pennsylvania, intitulée Immersive Storytelling : Creating Narratives with Virtual and Augmented Reality en avril 2019, et plus particulièrement par le travail de Peter Decherney utilisant des caméras 360, j'ai pensé qu'il serait intéressant de filmer en 360 les lieux mentionnés dans les témoignages des survivants tels qu'ils se présentent aujourd'hui. Au cours de l'été 2019, Rachel Jedinak (née Psankiewicz) a été filmée à l'endroit où se trouvait sa maison familiale, devant son école élémentaire et marchant jusqu'à la Bellevilloise où elle a été enfermée avec sa mère et sa sœur le 16 juillet 1942 après leur rafle. Annette Muller étant trop malade à l'époque, son frère aîné Henri a été filmé dans le même quartier que Rachel Jedinak, se dirigeant lui aussi vers le lieu sinistre de la Bellevilloise. Tous deux ont pu s'échapper en juillet 1942, contrairement à leurs mères et Annette qui ont été emmenées au Vélodrome d'Hiver plus tard dans la journée.
De retour en classe, en regardant les vidéos avec le casque Oculus, les élèves se retrouvent à marcher à côté d'Henri et Rachel. Dans ce cas, la réalité virtuelle confère à la carte numérique historique une humanité qui nous parle et que nous pouvons entendre | comprendre aujourd'hui. La première fois que j'ai regardé la vidéo deRachel à la Bellevilloise en 3D, j'ai réalisé que nous étions passées devant un petit restaurant thaïlandais. Sur sa façade jaune vif s’inscrit son nom : L'Echappée. Ce mot signifie non seulement évasion mais c’est aussi un terme de cyclisme comme si la rue elle-même racontait l'histoire de Rachel et Henri qui, parce qu'ils se sont échappés de la Bellevilloise, n'ont pas été emmenés au vélodrome. Un nom sur la façade vient transformer la rue en chœur grec et un restaurant en mise en abyme textuelle. Il est intéressant de noter qu'après la démolition du Vélodrome d'Hiver en 1959, aucun des bistrots, restaurants voisins qui existaient lorsque le vélodrome était encore là n'a conservé de nom faisant référence au stade. L'effacement physique du bâtiment aurait déclenché une amnésie alentour.
Malgré la pandémie, Francine Christophe a été filmée en 360 à l'automne 2020. Nous espérons pouvoir filmer Arlette Testyler par la suite.
Le site web ouvre un interstice dans la trame temporelle et spatiale qui nous permet de nous connecter à un passé et à un lieu lointains. En rappelant le mécanisme même de la respiration, ce va-et-vient entre le passé et le présent, les récits historiques et les témoignages individuels, ici et là-bas, il empêche les blancs de devenir obscurs et vides. Il encourage les utilisateurs à ne pas seulement considérer l'époque mais aussi à être attentifs à ceux qui l'ont vécue. Il leur permet de ressentir de l'empathie envers des personnes et une époque qu'ils ne pouvaient peut-être pas entendre au départ. La carte a permis de rassembler sur ce site l’histoire d'étrangers invisibles, de relier des récits épars et de tisser une constellation infinie reliant ce passé à notre présent.
"J’ai l’impression qu’aujourd’hui la mémoire est beaucoup moins sûre d’elle-même et qu’elle doit lutter sans cesse contre l’amnésie et contre l’oubli. À cause de cette couche, de cette masse d’oubli qui recouvre tout, on ne parvient à capter que des fragments du passé, des traces interrompues, des destinées humaines fuyantes et presque insaisissables. (Modiano, 2014)
Mais c’est sans doute la vocation du romancier, devant cette grande page blanche de l’oubli, de faire ressurgir quelques mots à moitié effacés, comme ces icebergs perdus qui dérivent à la surface de l’océan" (Modiano, 2014).
Tous ceux qui ont participé à la création du site ne correspondent peut-être pas à la définition stricto sensu de romanciers mais sont néanmoins tout à la fois des lecteurs proches, des traducteurs, des cartographes, des vidéastes, des archivistes, qui ont permis de faire resurgir des voix de derrière les murs.
Georges Didi-Huberman, L’étoilement – conversation avec Hantaï. Editions de Minuit.
Dominique Fourcade, Simon Hantaï – catalogue de l’exposition. Éditions du Centre Pompidou.