La famille Muller habite au 3 rue de l’Avenir dans le 20ème arrondissement. Manek et Rachel ont émigré de Pologne dans les années 30 et se sont installés comme couturiers à domicile. Pendant la guerre, leurs quatre enfants – Henri, Jean, Annette et Michel - fréquentent l’école de la rue Olivier-Metra.
Le 16 juillet 1942, des policiers français viennent arrêter Rachel et les enfants. Manek, prévenu d’une rafle imminente et convaincu qu’elle ne concernerait que les hommes, s’est caché la veille avec un voisin. Rachel réussit à faire échapper ses deux aînés, Henri et Jean, qui retrouvent leur père. Annette, Michel et elle sont conduits au vélodrome d’hiver où ils restent plusieurs jours avant d’être acheminés au camp de Pithiviers. Le 7 août 1942, Rachel est déportée de Pithiviers par le convoi 16 et arrive à Auschwitz le 9 août. Seuls Manek et les enfants ont survécu.
En 1991, Annette publie La petite fille du Vel d’Hiv qu’elle dédie à sa mère, Rachel. Dans sa préface, Serge Klarsfeld raconte qu' «Annette est devenue la mémorialiste de la famille. Le récit d’Annette est d’une intensité émouvante, tant l’amour pour sa mère dominait sa vie d’enfant ; une mère gaie, belle, intelligente, travailleuse, coquette et sociable. Le jour de la rafle, la mère supplie : "Ne prenez pas les enfants."
Annette est morte le 9 août 2021. 79 ans jour pour jour après la disparition de sa mère à Auschwitz.
Annette Muller a été arrêtée lors de la rafle du 16 juillet 1942. Elle a connu l’horreur du Vel’ d’Hiv’, a été arrachée à sa mère jetée dans en train à destination d’Auschwitz, a vécu l’enfer de Drancy. De cette horreur, la France de l’après-guerre ne veut parler. Choquée par le silence qui entoure celle que l’on appelle maintenant la rafle du Vel’ d’Hiv’ et surtout l’amnésie qui recouvre le sort des enfants juifs en France pendant la Seconde Guerre Mondiale, Annette décide d’écrire le récit de son enfance en 1976. Elle envoie son texte à nombreuses maisons d’édition. En vain. Il faudra attendre 1983 pour que Serge Klarsfeld en publie des fragments dans son ouvrage Vichy-Auschwitz. Le procès Barbie et le film Au revoir les enfants de Louis Malle en 1987 ouvrent les yeux du public. Le témoignage d’Annette trouve enfin une audience. En 1991, la première édition de La petite fille du Vel’ d’Hiv’ est publié chez Denoël. Le livre raconte l’histoire de sa famille de 1929 à l’automne 1942 lorsqu’elle est libérée de Drancy. En 2009, elle publie la version complète avec un récit allant jusqu’à 1947 et suivie du témoignage de son père Manek. Bien qu’ayant été des textes de référence essentiels pour les chercheurs, les écrivains, les cinéastes, aucun des ouvrages d’Annette n’a été traduit en anglais. Le travail ci-dessous est une humble contribution pour combler cette lacune. Nous espérons que sa lecture inspirera un.e traduct.eur.rice professionnel.le à faire une traduction officielle de La petite fille du Vel’ d’Hiv’.
En 1995, Annette et ses trois frères, Henri, Jean et Michel ont témoigné auprès de la Shoah Foundation. Le texte ci-dessous est la traduction du témoignage d’Annette entremêlé d’extraits de ceux de ses frères. Ce récit à quatre voix tente de reconstituer, au plus près possible, l’enfance de ces survivants comme ils l’ont racontée 50 ans après les faits. Il tend aussi à reproduire la complicité indéfectible qui a soudé “ce clan” jusqu’à la fin. Malheureusement, il ne répond pas à toutes les réponses que les lecteurs peuvent se poser. Seule La petite fille du Vel’ d’Hiv’ fournit toutes les clefs de lecture.
Copyright: Mélanie Péron acknowledges the USC Shoah Foundation for allowing her to transcribe the following testimonies: Annette Bessman Muller (1995), Henri Muller (1995), Jean Muller (1995), Michel Muller (1995). For more information: http://sfi.usc.edu/
Note: L’orthographe des noms et prénoms est celle utilisée par Annette dans son ouvrage et/ou retrouvée dans le recensement de 1936.
Rachel et Manek vers 1930
Paris, 1934 - Manek, Henri, Jean, Annette et un ami d'enfance dans le Square des Envierges. Photo prise par Rachel.
Paris, 1934 - Rachel, Henri, Jean, Annette et un ami d'enfance au Square des Envierges. Photo prise par Manek.
Pierre Schneps, le frère de Manek, qui a vécu à Paris avec les Muller.
Chana Schneps, la soeur de Manek, assassinée dans leur village en 1942.
Elek Schneps, jeune frère de Manek, assassiné dans leur village en 1942.
Biez-en-Belin, automne 1940 - Rachel et ses children dans le village où ils se sont réfugiés. Photo prise par un soldat allemand.
Soeur Clotilde
Premier rang, milieu : Annette et Michel à l'Asile Lamarck après avoir été libérés de Drancy en septembre 1942.
Paris, Novembre 1942 - Les quatre enfants réunis. Annette porte le noeud que Soeur Clotilde lui a confectionné pour cacher sa tête rasée.
L'Haÿ-les-Roses, Mai 1943 - Communion de Jean et Henri
Drouilly, 1944 - Henri (premier rang, premier en partant dela gauche), Jean (arrière-plan)
St-Rémy, 1944 - Annette (premier rang, deuxième en partant de la droite )
Toulouse, 1944 - Manek après s'être échappé du camp de travail
Le Mans, 1945 - Château de Méhoncourt dirigé par l'O.S.E. (Oeuvre de secours aux enfants)
Le Mans, 1945 - première photo d'après-guerre montrant Manek avec ses quatre enfants
Le Mans, 1945 - Annette et Henri
Paris, 1945 - Manek de retour dans leur appartement du 3 rue de l'Avenir
St-Rémy, avril 1945 - Communion d'Annette
Paris, 1947 - Annette devant la porte d'entrée de l'immeuble du 3 rue de l'Avenir
Pauline Kleinman que Manek a épousée en 1948
Henri Muller a conservé de nombreuses lettres et cartes échangées entre frères et soeur pendant la guerre mais aussi entre Manek et ses enfants. Cette correspondance épistolaire met en lumière l'amour qui liait la famille Muller. Malgré les risques encourus, le père n'a jamais cessé d'écrire à ses enfants et de s'assurer qu'ils ne manquaient de rien. La lecture du courrier de Manek raconte aussi l'histoire d'un immigré qui ne maîtrisait pas encore parfaitement la langue française et qui devait se cacher. Dans les lettres qu'il a écrites de sa main, on entend la mélodie de son accent qui se dégage de son écriture phonétique. Dans celles rédigées pour lui par son ami d'enfance, Marc Kleinman, qui parlait parfaitement le français et chez qui Manek se cachait à Périgueux, l'accent disparaît derrière un texte à la grammaire et l'orthographe précises. Il y aussi des lettres à l'orthographe approximative redigées par des Français, comme vraisemblablement la concierge de la place du Guignier. Lire ces textes, c'est dérouler le fil intime qui a relié la famille malgré la séparation. Mais c'est aussi découvrir l'histoire d'un immigré à travers ses pérégrinations linguistiques. Celui qui s'appelait Manek Schneps dans son pays natal est devenu Manek Muller dans son pays d'adoption. Bien que son courrier soit signé Muller, c'est pourtant Schneps qui s'exprime à travers une langue qui lui échappe souvent et qui, malgré tout, réussit à exprimer tout son amour à ses enfants.","Maison St Vincent de Paul pour H. et J. Muller 34, rue des Tournelles L’Hay-les-Roses (Seine)
Paris le 28-7-42
Chèr Henri et Jean je m’etonne beaucoup pourquoi vous ne m’avez pas écrit jusqu’a presentj’ose penser que vous n’avez pas eu mon adresse, alors voici monadresse : Mme Veuve Fossiés6. Place du Guignier Pour tailleurParis (20me) j’éspère que vous-voustrouvez ent bonne santé et qui nevous ne manque de rien, maintenantécrit moi ci vous avez besoin d’un colis. avec fruit dedans. acheter toujours ce qu’il te faut ent attendant [?]les 300 franc que je vous ai donnern’oubli pas chèr jean de te soignerton oreille ci tu n’a pas de medicamentsfait demander l’ordonnance par la soeur entdonnant l’adresse de la rue des pyrénéesParis. j’ai reçu des nouvelles de mamanelle ce trouve a Beaune-la Rolandeécrit a ta maman une lettre pourla consolé car jusqua present ellene sait ou tu te trouve alors voicil’adresse. Camp de HébèrgementBaune-la-Rolande Mme Muller(loiret) n’oublier de m’écrire toute la vérité çi vous etes bien j’éspère quevous-vous ennuyer pas. Et çi il vousne manque rienje termine ma lettre et ecrit moide suite. ton Pere qui pense a toi Muller
Le 23 août 1942
Marc Kleinman pour Muller 81 rue de Bordeaux Périgueux (Dordogne) (pour Miller)
Colonie de vacances St Vincent de Paul pour Henri et Jean Muller 34, rue des tournelles L’Hay les-roses (Seine)
Chers Henri et Jean J’étais oblige de quitter Paris pour quelque temps et ne pourrais pas vous voir de sitôt. J’en suis très peiné. Je vous prie beaucoup de m'écrire très régulièrement une carte une fois par semaine à l’adresse de Marc Kleinman 81, rue de Bordeaux – Périgueux. Je penserai à vous tout le temps mais ne m’oubliez pas non plus. J’espèreque nous pourrons nous revoir bientôt. Si vous avez besoin de quelque chose pour un dessert écrivez à la maison Evain 156, rue Pelleport Paris 20e qui vous enverra ce que vous deman-derez. Tout est payé d’avance.Je n’ai pas encore eu de nouvelles de Maman. N’oublie pas mon petit Henri de soigner Jean. Encore une fois je vous prie de m’écrire une fois par semaine.Je vous embrasse bien fort tous les deux.Votre père Muller
Le 7.9.42
Marc Kleinman pour M. Muller 81 rue de Bordeaux Périgueux (Dordogne)
Maison St Vincent de Paul pour H. et J. Muller 34, rue des Tournelles L’Hay-les-Roses (Seine)
Mes chers petits, Merci beaucoup pour votrecarte, je vous prie beaucoup de m’écrire régulièrement. Je suis maintenant à la campagne depuis le 1er et travaille dans une ferme. Je pense toujours à vous à Maman et les deux autrespetits et espère que nous nous ver-rons tous bientôt. Soyez forts et cou-rageux et esperez. Mon petit Henri écris, je te prie, à Soeur Clotilde 140, rue du Bac Paris 7e, pour la prier de rechercher encore maman Annette et Michel, elle est très bonne et pourra peut être faire quelques chose. Mon petit Jean ton oreille est-elle déjà guérie ? Ecrivez-moi souvent. Je vous embrasse bien fort Papa
Agonac le 22 sept. 1942
Kleinman pour Muller 81 rue de Bordeaux Périgueux (Dordogne)
Maison St Vincent de Paul 34, rue des Tournelles L’Hay-les-Roses (Seine) pour Henri et Jean Muller
Cher Henri et Jean ! J’ai recu votre carte qui ma fait bien plaisir,je suis très content que vous êtesen bonne sante, si ta encore des medicaments pour les oreilles. De mama et de Anette (sic) et Michel je suis toujours sans nou-velles. pour vous faire venir je fais tous mon possible pour etre avec moi. Attendes avec patiente et n’oublies pas que on a pas le droit de venir chez nous votre pere qui pense a vous Miller (sic)
Agonac le 10 octobre 1942
Monsieur Kleinman Marc pour Muller 81 rue de Bordeaux Perigueux (Dordogne)
Maison St Vincent de Paul 34, rue des Tournelles L’Hay-les-Roses (Seine) pour Henri et Jean
Chers Henri et Jeanmème que je n’ai pas encore recu denouvelles de vous quand meme je vousecris quelques mots. Dabord je vous faitsavoir que je vous ai envoyer un colis.Si vous allez à l’école ? ècrivez moile, et si vous allez bien.Ecrivez tout ce que se passe.Je vous embrasse bien fort votre père que pense a vous Muller (signature)
Le 15.10-42
Marc Kleinman pour Muller 81 rue de Bordeaux Périgueux (Dordogne)
Mson St Vincent de Paul pour Muller 34, rue des Tournelles L’Hay-les-Roses (Seine)
Mes chers enfants. J’ai bien reçu votre carte et en était très content. C’était propre, bien écrit et sans fautes d’ortho-graphe. J’espère que vous allez continuer ainsi. Vous avez de nouveau commencé à aller à l’é-cole. Il faudra bien travaillerfaire régulièremet tous vos de-voirs et surtout veiller à lapropreté et être bien sages. Con-tinuez à m’écrire chaque semaine. La lecture de vos cartes est mon seul plaisir. Je vous ai envoyé un petit colis et vais vous envoyer un autre bientôt, J’espère, mes chers enfants, avoir bientôt des nouvelles de Michel et Anette (sic).Votre papa qui pense à vous, vous em-brasse bien fort tous les deux. Muller
Agonac le 15 oct.
M. Muller chez Mlynarczyk Agonac Versailles (Dordogne)
Maison St. Vincent de Paul 34 rue des Tournelles L’Hay-les-Roses (Seine) Pour Henri et Jean
Cher Henri et Jean ! J’ai recu votre carte qui ma fait beaucoup plaisir je voudrais savoir si vous allez a l’ecole, et si vous avez deja recu le colis, je vous en-voyerais un autre colis, soyez sage a l’ecole. Moi je tra-vaille toujours dans une ferme de maman j’e n’ai pas de nouvelles, mai de Anette (sic) et de Michel, je vais savoir dans quelque jour. je vous embrasse bien fort votre pere qui pense a vous toujours Miller (sic)
Le 28-10-42
Marc Kleinman pour M. Muller 81, rue de Bordeaux Périgueux (Dordogne)
Mson St Vincent de Paul pour H. et J. Muller 34, rue des Tournelles L’Hay-les-Roses (Seine)
Mes chers petits. Votre carte m’a fait grand plaisir. Je suis heureux de vous savoir en bonne santé et espère que vous ne manquez de rien. Je vous recommande encore une fois de bien travailler à l’école, de faire régulièrement vos leçons et vos de-voirs. Vous me donnerez ainsi beaucoup de joie, car vous êtes main-tenant ma seule consolation. Je vous ai écrit dans la précédente carte, qu’en dehors des colis de Mme Schindler, je vous ai envoyé un colis d’ici ; l’avez-vous reçu ? Si vous êtes trop occupés pendant toute la semaine, écrivez moi tout le jeudi, c’est le jour où vous êtes plus libre ? Votre père qui pense souvent à vous, vous embrasse bien fort tous deux Manelle Muller
Agonac le 2 nov. 1942
Monsieur Marc Kleinman 81 rue de Bordeaux Périgueux (Dordogne) (pour Miller) (sic)
Colonie de vacances St Vincent de Paul 34 rue des tournelles L’Hay les-roses (Seine) pour Henri et Jean
Cher Henri et Georges [?]Je bien recu votre carte, je suis tres contentesque vous alliers deja a l’ecole et en que vous travaillerbien. Mantenan je voudre bien savoir si vousAvés recu mes colis, que jé vous avez envoie ?Je voudre savoir, si vous avez tous ce que vousfaut pour allez a l’ecole ? Dite-moi si lesoreilles a Jean vont bien. Je voudrez bien quevous m’envoie toutes les semaines des vousnouvelles. De maman et des Annette et Michel, je suis son nouvellesJ’espere de obtonire bien’taute des nouvellesJe termine ma carte en vous envoyez mesmeillerurs beiser Votre pere que pense a vous Miller [sic]
Le 4.-11-42
M. Marc Kleinman pour Muller 81 rue de Bordeaux Périgueux (Dgne)
Mson Vincent de Paul pour H. et J. Muller 34, rue des Tournelles L’Hay-les-Roses (Seine)
Mes chers petits. Je viens de recevoir votre carte du 25 qui m’a fait bienplaisir. Je fais mon possible, mes chers enfants pour que nous puissions nous voir bientôt mais vous savez bien que cela ne dépend pas uniquement de moi. J’espère avoir bientôt des nouvelles de Michel et Anette (sic), je vous les transmettrai immédiatement. J’ai grand plaisir de savoir que vous travaillez bien à l’école. Vous m’écrivez que vous avez reçu mes colis. Est-ce que c’est le colis que je vous avais envoyé d’ici ? Avez vous tout ce dont vous avez besoin, vous faut-il un peu d’argent de poche ? Repondez-moi bien à toutes les questions. Votre père qui vous aime bien vous embrasse bien fort tous deux Muller
Le 6-11-42
M. Muller chez Mlynarczyk Versailles Par Agonac (Dordogne)
Anette (sic) Muller 27, rue du chevalier de la Barre Paris
Mes chers petits. Je viens de recevoir ta cartema chère Annette et elle m’a faitun très grand plaisir. Je suis heu-reux de vous savoir tous les deux enbonne santé, car j’espère que Michel est avec toi. Je viens de vous envoyerun colis, écris-moi immédiatementquand tu l’auras reçu et si les chosesque je vous ai envoyées t’ont fait plaisir.J’ai régulièrement des nouvellesde Jean et Henry (sic), écrivez leur, voilàleur adresse : Mon St Vincent de Paulpour Muller 34, rue des TournellesL’Hay-les-Roses (Seine). Ils seronttrès content d’avoir de vos nouvelleset vous repondrons tout de suite.Ecrivez-moi depuis quand vous êtesà cette adresse. Vous faut-il un peu d’argent. Votre père qui vous aime bien et pense à vous, vous embrasse tendre- ment - Manelle Muller
Le 8-11-42
M. Marc Kleinman pour Muller 81 rue de Bordeaux Périgueux (Dgne)
Mson St Vincent de Paul pour H. et J. Muller 34, rue des Tournelles L’Hay-les-Roses (Seine)
Avez-vous reçu le colis ? Le 8-11-42 Mes chers petits Je voeue vous announcer avanttout une très bonne nouvelle. Je viensde recevoir une carte d’Annette ; ellese trouve avec Michel à Paris. Je vousdemande de leur écrire immédiatementà l’adresse suivante : Annette Muller –27, rue du Chevalier de la BarreParis 18. Ils seront très contents d’avoirde vos nouvelles. Je suis très peinéde savoir que vous n’avez pas desouliers. J’essaie d’en trouver ici,mais c’est très difficile. S’il pleuttrop un jour il vaut mieux ne pasaller ce jour à l’école que de prendrefroid. Ecrivez à Soeur Clotildeune très polie carte en la priantde bien vouloir trouver des souliers.Avez-vous, mes petits de l’argent pouracheter des cartes et pour vos petitesdépenses ? Votre père qui pense à vous Vous embrasse bien fort Muller
Le 20-11-42
Marc Kleinman pour Muller 81 rue de Bordeaux Périgueux (Dordogne)
Mson St Vincent de Paul pour J. et H. Muller 34, rue des Tournelles L’Hay-les-Roses (Seine)
Mes chers petits. Je viens de vous envoyer le troisième colis – j’espère que vous avez reçu les deux précédents – écrivez moi dès que vous l’aurez reçu. Avez-vous écrit à Annette et vous a-t-elle répondu ? Ecrivez lui souvent et envoyez-lui si vous pouvez un crayon et quelques cartes. Elle pourra ainsi écrire à qui elle voudra. J’ai expédié également aujourd’hui un colis à Annette et Michel, je pensais leur envoyer des cartes, mais je l’aioublié, Ecrivez je vous prie à Sr Clotilde pour la prier si elle veut faire quelque chose pour vous réunir ensemble tous les quatre. Quant à Maman, j’espere que nous la retrou-verons et serons encore un jour pro-chain réunis ensemble. Je vous em-brasse bien fort. Muller
Le 25-11-42
Marc Kleinman pour Muller 81 rue de Bordeaux Périgueux (Dgne)
Mson St Vincent de Paul pour H. et J. Muller 34, rue des Tournelles L’Hay-les-Roses (Seine)
Mes chers petits. Je viens de recevoir votre carte.Elle m’a fait Plaisir mais un peuétonné en même temps. Il me sem-blait lire dans votre carte que vous êtes tristes mais vous n’osez pas mel’avouer. Comme je vous comprends mes petits. Il faut avoir courage et patien-ter. Il faut que vous compreniez que si je pouvais je viendrais vous voir tous les jours. Je suis aussi très triste de ne pas pouvoir le faire. Autre chose m’inquiète aussi mes petits. J’ai laissé en partant 3000 frs. pour payer votre pensions. Je ne savais pas combien il fallait payer par mois. Je vous prie de demander pour combien de mois je dois et com-bien d’argent. Je vais l’envoyer dès que possible. Je vous ai égale-ment envoyé 100 frs à chacun pour acheter les petites choses, dont vous pouvez avoir besoin. Je vous embrasse bien fort tous deux. Muller.
Agonac, le 26.11.1942
Kleinman 81 rue de Bordeaux Périgueux Dordogne.
Maison St Vincent de Paul 34 rue des Tournelles L’Hay-les-Roses Seine pour Henri et Jean Muller
Cher Henri et cher Jean, Je viens de recevoir talettre qui m’a fait grand plaisir.Je voudrais bien savoir comment va l’oreille à Jean ? Je vous avaisenvoyé 200 francs pour votre dépense. J’espère que vous seriez bientôt en-semble Michel et Annette, alors Henri fait bien attention à tes frères et àta soeur. Je vous avais envoyé un colis. Si tu verras Annette demande si maman à laissé pour elle des affaires, aussi cher Henri demande à la soeur Clotilde si Annette pour-ra être avec vous. et maintenantécrivez moi si vous avez eu des chaus-sures, si vous mangez bien et si vous partagez bien votre colis. De maman je suis sans nouvelles, mais éspèrons d’en avoir bientôt et moi je ferrai tout mon possible pour aller vous voir. Ecrivez moi un peu plus que d’habitude. Je termine ma carte en éspèrant qu’elle vous trouve en bonne santé. Je vous embrasse bien fort votre père qui pense à vous.
Agonac, le 30 Novembre
Muller chez Mlynarczyk Versailles par Agonac (Dordogne) Pour Henri et Jean Muller
Maison St Vincent de Paul 34 rue des tournelles Le-Hay-les-Roses Seine
Chers enfants,J’ai bien reçu votre carte qui m’a fait naturellement grand plaisir, parce que vous êtes maintenant réunis tous les quatre. Cher Henri, je voudrais bien savoir ce qu’Annette t’a raconté de votre chere maman, et si elle lui a confié des affaires et ce qu’elle a raconté, si Michel et Annette ont bonne mine et ne sont pas trop fatigués. Est-ce que vous avez reçu le troisièmecolis que je vous ai envoyé ? et est-ce qu’Annette a reçu les deux colis et les 50 Fr ? Je voudrais savoir aussi si vous avez des habits chauds et des chaussures – Etes-vous tous en bonne santé ? et partagez-vous bien les colis entre vous ? Je suis toujours sans nouvelles de maman, mais esperons que cela viendra. Je vous embrasse bien fort tous les quatre - Votre père qui pense à vous.
Le 17-12-42
Marc Kleinman pour Muller 81 rue de Bordeaux Périgueux (Dordogne)
Mson St Vincent de Paul pour J. et H. Muller 34, rue des Tournelles L’Hay-les-Roses (Seine)
Mes chers petits J’ai reçu votre dernière carte et l’ai lue avec le même plaisir que les précédentes. Je suis très heureux que vous puissiez vous voir assez régulièrement avec Annette et Michelen attendant que nous nous voyions tous avec votre maman. Annette a-t-ellereçu le dernier colis dans lequelje lui avais envoyé quelques vêtements ? Je vous ferai très prochainement un colis pour vous envoyer et que vous m’avez demandé ainsi que des vête-ments. Il est extrêmement difficile de trouver quelque chose mais je faismon possible et espère réussir. Mespetits il faut avoir bien soin de vos affairescar vous le savez probablement il trèsdifficile de les remplacer. Demandez à Mr Schindler s’il lui est possible de vous faire à chacun une culotte ? Je travaille toujours au même endroit. Je vous embrasse bien fort tous Muller
Le 27-12-42
Marc Kleinman pour Muller 81, rue de Bordeaux Périgueux (Dordogne)
Mson St Vincent de Paul pour J. et H. Muller 34, rue des Tournelles L’Hay-les-Roses (Seine)
Mes chers petits. Je vous ai laissé trop longtemps sans vous écrire et je me le reproche assez. Croyez-moi que je ne puis pas vousécrire très souvent, mais cela ne doit pas vous empecher de m’écrire régu-lièrement. Je vous l’ai déjà écrit vos cartes sont mon seul plaisir. J’ai reçu une carte d’Annette et Michel qui m’a beaucoup réjouit. Les voyez-vous souvent ? Avez-vous reçu le colis de vêtements et vous vont-ils bien ? Mon petit Jean ton oreille est-elle déjà complètement guérie ? Tu ne m’en parles plus depuis quelque temps. J’espère que nous aurons bientôt des nouvelles de Maman et que nous nous retrou-verons tous sous peu. Avez-vous passez unjoyeux Noël. Je vous souhaite une bonne année et vous embrasse bien fort. Muller.
Agonac- le 3 janvier
Muller chez Mlynarczyk Versailles par Agonac Dordogne
Mson St Vincent de Paul 34 rue des Tournelles L’Hay-les-Roses (Seine) pour Henri et Jean
Mon cher Henri- Mon cher Jean, Avez vous pu passer Noël avec Michel et Annette ? J’espère que vous avez reçu mon colis de Noël - dites moi bien ceque vous recevez et s’il ne manque rien.J’ai envoyé des chaussures mais elles sont unpeu grandes : je pense qu’elles irons quandmême. Est-ce que Jean a toujoursmal à ses oreilles ? je voudrais bien quecela se passe. Je vais bien et travaille toujours ici.surtout écrivez-moi si vous avez reçu le colisde vêtements. Je vous embrasse bien fort. Votre père qui pense à vous et quivous aime. Muller
Le 17-1-43
Marc Kleinman pour Muller 81 rue de Bordeaux Périgueux (Dordogne)
Mson St Vincent de Paul pour J. et H. Muller 34, rue des Tournelles L’Hay-les-Roses (Seine)
Mes chers petits. Je viens de recevoir votre et j’en suis très content. J’ai grand plai-sir à savoir que les vêtements vous vont bien, je pensais que les souliers seraient trop grands pour toi Henri tant mieux s’ils te vont bien. Dès que j’arriverai à trouver une autre paire je l’enverrai pour toi Jean. Mes chers petits ne vous tourmentez pas pour moi, ne pensez pas à mes privations, je suis très heureux quandje puis vous faire Plaisir. Vous êtes ma seule joie. Tant mieux si vous ne manquez de rien, vivez heureux et pensez avec reconnaissance à vos bienfaiteurs qui sont si gentils pour vous. Patientez, le jour où nous nous retrouverons tous avec joie n’est peut être pas très lointain. Je vous embrasse bien fort Muller.
Le 21-2-43
M. Kleinman pour Muller 81, rue de Bordeaux Périgueux (Dordogne)
Mson St Vincent de Paul pour H. et J. Muller 34, rue des Tournelles L’Hay-les-Roses (Seine)
Mes chers petits.J’ai vu votre photo qui m’a procuré une très grande joie. Jevois que vous avez bonne mine et quevous avez grandis. Je suis heureux de savoir que vous pensez toujours à moi, mais je vous prie et vous conjure par la tendresse et l’amour que je vous porte de ne pas vous faire de mauvais sang et de nepas vous desesperer. Ayez con-fiance., la Providence ne nous abandon-nera pas. Ne vous attristez pas, si pendant quelque tempsvous deviez ne pas recevoir ré-gulièrement de mes Nouvelles. Je suis toujours en bonne santé et pense à vous. Je vous embrasse tendre-ment. Muller.
Le 12-3-43
Muller 81, rue de Bordeaux Périgueux (Dordogne)
Mson St Vincent de Paul pour H. et J. Muller 34, rue des Tournelles L’Hay-les-Roses (Seine)
Mes chers petits. Depuis bien longtemps déjàje n’ai pas eu de vos nouvelleset suis un peu inquiet. J’espèreque vous continuez à bien vous porterJean ne souffre-t-il plus de sonoreille ? Repondez-moi je vous priele plus tôt possible et à toutes mesquestions. Encore une fois je vousprie ne vous ennuyez pas et ayezcourage et patience. Chez moirien de très particulier, je travailleet suis en bonne santé. Faites-moisavoir si vous avez besoin de quelquechose je vais essayer de vous leprocurer dans toute la mesure dupossible. Votre papa qui pense tou-jours à vous vous embrasse trèstendrement Muller
Le 10-5-43
M. Muller 81, rue de Bordeaux Périgueux Dordogne
Mson St Vincent de Paul 34, rue des Tournelles L’Hay-les-Roses (Seine) pour H. et J. Muller
Mes chers enfants. Je viens de recevoir vos cartesqui m’ont fait grand plaisir. Jesuis heureux d’apprendre que vousavez été de nouveau réunis et avezpu de nouveau passer quelques momentsensemble. Je suis également contentque le baptême et toute la cérémonievous aient fait tant plaisir. J’apprendavec fierté que vous travaillez bienet espère que vous continuerez. Conti-nuez à prier pour une paix prochainenous en avons tous besoins. Avez-vous reçu le dernier colis ?Je vous prie de me faire connaîtreimmédiatement la reception, car s’ilsdevaient s’égarer il serait dommageque je continue à en envoyer. Votre papa qui vous aime bien vousembrasse bien fort tousMon petit Jean – ne souffres tu plus de tesoreilles ? Muller
Le 20-6-43
Mes chers petits. J’ai bien reçu votre lettre ainsi que l’image qui m’ont fait grand plaisir. J’apprends avec joie que je recevrai bientôt vos photos je les attends avec impatience. Je suis heureux de vous savoir en bonne santé et contents d’avoir fait votre communion. J’espère que vous avez bien terminé votre année scolaire ; mainte-nant vous disposerez de plus de loisirs et vous pourrez m’écrire plus souvent. Faites moi savoir si vous mangez bien et si vous recevez tous les colis, dites moi également si vous avez besoin de quelque chose de particulier et j’essaierai de vous l’envoyer. Comment avez-vous trouvé Annette et Michel pendant votre dernière entre-vue ? Dites-moi ce que le medecin a ditau sujet des oreilles de Jean ? Je vous l’ai demandé plusieurs fois et vous ne m’avez jamais repondu aux questions que je vous pose. Comment passez vous votre temps libre ; ecrivez souvent à Annette et MichelMon petit Jean as-tu assez de coton pour tes soins ? Remerciez bien les soeurs pour toutes bontés qu’elles ont pour vous et soyez recon-naissants pour le foyer qu’elles vous ont recrée. Continuez à prier pour le pro-chain retour de maman. Esperons que cela ne tardera pas et que nous nous reverrons tous bientôt. Votre père qui pense toujours à vous vous embrasse tendrement – M. Muller
Périgueux le 12 juillet 1943.
Mes très chers enfants, J’ai bien reçu votre dernière lettre, et je suis bien content de vous savoir en bonne santé, je suis heureux aussi de votre bonne conduite de l’année scolaire, mon cher petit Jean, tu m’as écris que tes oreilles vont mieux, je voudrais aussi bien savoir, ce que le spécialise t’a dit, et si tes oreilles coules encore beaucoup, fais bien attention car tu sais bien que chère maman avait toujours peur pour tes oreilles, écris moi moi aussi [?] le goûter au secours national, n’avez-vous pas assez à orphilinat ? chez mous aussi la nourriture est très difficile, n’ête vous pas fatiguez ? Cher Henri je ne comprends pas pourquoi tu m’a pas écrit quelques mots la dernière fois, je suis bien content que vous avez écrit une lettre à Anette (sic) et Michel, eux aussi sont très content, avez vous déjà reçu mon dernier colis où il y avait un pantalon pour Jean biscottes du chocolat etc. cette semaine je vous enverez un autre colis, chez moi tout va bien j’attends toujours des nouvelles de vôtre chère maman, éspérant que bientôt je pourrai vous en donner, mes chèrsenfant repondez moi a toutes mes demandesje vous embrasse bien fort votre père quipense à vous signature
Le 27-7-43
Mes chers petits J’ai bien reçu votre lettre et suis heureux de vous savoir en bonne santé. Je suis parti-culièrement content que tu ne souffre plus de l’oreille et que ton bobo sera bientôt complètement gueri. Il m’est très agréable de lire vos lettres et de constater com-bien vous êtes raisonnables. Je suis particulièrement touché de constater que vous n’oubliez pas de demander dans chaque lettre de renseignements au sujet de mon travail et de ma vie loin de vous. Il m’est d’autre parttrès pénible de pas pouvoirvous rendre visite pour le moment.Il faut prendre patience, mes cherspetits, ne pas desesperer – quoiquevotre malheur et nos peines soienttrès grands – il faut songer qu’il ya des gens encore plus malheu-reux que nous. Courage bientôtnous nous reunirons tous ensembleavec Maman Je travaille toujours au mêmeendroit et arrive à me ravitailler.ne vous tracassez pas pour moi,vous voyez que je reussis toujoursà vous envoyer un colos de temps à autre. J’ai bien reçu la photo de votrecommunion – vous voilà main-tenant des grands garçons. Annette m’écrit régulièrementde belles lettres, elle est contenteet travaille bien. Michel est [?]ecrivez donc souvent à Annettepour qu’elle ne s’ennuie pas. Je vous prie de remercier les chères Soeurs de leur devoue-ment pour vous et en particulierla Soeur qui a bien voulu m’ecrirequelques mots. Avez-vous reçu le derniercolis avec les pommes. Je termine ma lettre envous embrassant bien tendrement. Votre père qui pense toujours à vous M. Muller
le 14-10-43
Mes chers petits J’ai bien reçu votre carte et j’enétais bien content. Je suis particulière-ment heureux de vous savoir en bonnesanté et exempts de tuberculose.J’ai reçu des nouvelles d’Annette et de Mi-chel, j’espère qu’ils vous écrivent égale-ment. Ils sont tous les deux bien contentsSoeur Clotilde m’a envoyé une longuelettre et je lui ai repondu dernièrement.Je l’ai prié de te placer Henri aucollège dans l’espoir que tu y travaillerasbien et lui ai demandé également dene pas vous séparer si cela étais possible.Elle a certainement dû vous mettre au courantde ses intentions et vous fera connaîtreen temps utile ses décisions. Je vouspris de lui faire entière confiance, carelle agit toujours au mieux de vos intérêts. Dans votre reponse prochaine écrivez-moicomment vous passez votre temps et si vousmangez bien. Je sais que les difficultés deravitaillement sont assez grands, aussi vais-je m’efforcer dans toute la mesure demes possibilités de vous envoyer, de tempsà autres, des colis. Soyez persuadés quemalgré les difficultés dans lesquelles jeme trouve, je pense avant tout à vous. Mon petit Jean continues-tu toujours testraitements pour l’oreille ? Je crois toujours fermement que nous nous reunirons bientôt et quoiquenotre séparation se prolonge toujours je neperds pas espoir. Votre père qui pense toujoursà vous vous embrasse tendrement Muller
St Rémy ce 11 Novembre 1943
Mes chers frères Je suis con-tente de vous écrire ces quelqueslignes qui je pense vous fera plaisir. Voilà dix jours que papaest parti, avez-vous reçu ma lettre, dites-moi le car jevoudrais bien avoir de vosnouvelles, qui me fera bienplaisir, j’ai écrit à papaavant hier car il m’a envoy.envoyer une belle carte dePérigueux.Moi je suis en bonnes santecomme vous. En ce momentil fait pas si chaud qu’avantj’ai écrit à Rachel quiest chez des soeurs en zonelibre car elle demandaitde mes nouvelles elleest en trés bonne santé, c’estPapa qui me l’a dit.Dites bien bonjour de ma part à Ma Mere et auxaux autres personnes quisont restez à Neully.J’envoi une carte à Jean de bonne annversaire.Je finis ma lettre en vous embrassant de toutcoeur Votre soeur qui pense à vous Annette
Cher Henri et Jean !Je vuus remerci boucaup pour les veux que vous m’avez envoye, et je suhaite de tout mon coeur que l’anné 1944 noús reunise de noúve. Vot pere que pense a vous Muller
St Remy ce 26 Mars 1944
Mes chers frères – Je pense que vous allez bien tous les deux et que Jean est contentd’être avec Michel, vous faites bon ménage. Je viens vous annoncerque le Jeudi Saint, je vais avoir le bonheur de faire Ma Commu-nion Privée. Je pense de vous prierez bien pour moi afin que jesois bien prête à accomplir ce grand acte ; moi, je ne vous oublirezpas, non papa, ni maman. Peut-être que papa assistera à maCommunion ; jugez si je serai contente. Mon oncle Pierre m’à écrit, ilme demande votre adresse, je vais la lui donner. Moi je vais trésbien car nous sommes trés bien nourries et nous avons de grossesportions. Maintenant que la neige a disparu, nous irons fairedes grandes promenades dans les montagnes. Déjà Dimanchenous avons pu sortir. Le père de Geneviève va venir, on est contentesparce qu’il va nous apporté des nouvelles de Ma Mère et bien deschoses que Ma Soeur Marie à demandées. Ma Mère nous à écrit à Marguerite Vachon et à moi une belle petite lettre qu’on à bien serréepour la relire de temps en temps. Je dis bien bonjour à Ma Soeur Thérèse, à Ma Soeur Anne-Marieet à Mademoiselle Olympe, et vous deux je vous embrassebien fort. Votre petite soeur qui pense toujours à vous. Annette MullerAu moment que ma lettre allait je reçois la votre, je vous remercie bien d’avoir pensé à mon anniversaire je vous embrasse emncore.
Mson St Vincent de Paul pour Henri Muller 88 Bd Victor Hugo Neuilly sur Seine (Seine)
bien des choses pour la Soeur superier Cher Henri ! Aprés plusiers joursDes voyages, je suis aUzerches, je ete voirAnnette, elle et biencontente avec le cadeux de toi, elleTres bien a St Remyet ma Soeur Mari et Mlle Armondin [?] sont tres bonepour elle. Voici monnouvelles adres :G.T.E. 528. pour Mullera Uzerche (Corréze)je t’embrasse bien fortton papa que pense a toi
Uzerche, le 27 avril 1944.
Ma chère petite Annette, J’ai bien reçu talettre qui m’a fait grand plaisir. Comme je t’ai promisje t’envoie une paire de souliersen cas où les souliers seraienttrop grands il faut que tupries la Soeur Marie de tâcherde les échanger contre une poin-ture plus petite. Il y quelquesjours je t’ai envoyé un colistu vas recevoir en même tempsun colis d’une dame ; pourtout cela il ne faut pas quetu m’écrives jusqu’a je t’écriraiune nouvelle adresse. J’espère que tu asecrit une lettres à tes frèrescar moi je n’ai rien reçuet maintenant avec le changementde ma résidence je resterai sansnouvelles, c’est pour cela qu’ilfaut que tu écrives souvent à tes frèresAlors ma chère Annette, commetoujous tu tâcheras d’être biengentille et contenter toutes cellesqui s’occupent de toi. Je tâcherai d’envoyerencore un colis à Henri avantmon départ, tu lui demanderasalors s’il l’a reçu. Je termine ma lettreen t’embrassant bien fort ton papa qui pense toujours à toi Miller [sic]Tu me renverra cette lettre parce que je vais la mettre de coté
Uzerche, le 27/4/44
Ma chère Soeur, Comme je vous l’ai promisde vous écrire aù cas d’unchangement je vous informeque je pense partir et dès queje pourrai je vous ecrirai manouvelle adresse afin que jepuisse rester toujours en contactavec mes chers enfantsComme toujours je ne perdspas le courage esperant queles souffrances terminerontbientôt ; surtout que j’ai lacertitude que mes chers enfantssont confiés entre des mains sûres Je vous remercie de votre devouement envers mes cheriset veuillez croire à mon amitiela plus sincereUn bonjour amical à Melle Armandin [?]
le 30 mai 1944
Mon cher petit papa le 30 mai 1944 J’ai changé d’adresse moi aussi et je suis à Drouilly avec Jean et Michel. Je suis très bien. J’ai appris avec beaucoup de peine tout ce qui s’est passé à Périgueux. Je prie ainsi que Michel et Jena pour toi pour qu’il ne t’arrive rien de mal. Tu es si bon pour nous. J’ai écris à Annette. Papa je suis reçu à mon certificat d’études je l’ai passé à Neuilly, Tu dois être bien content je l’ai fait pour te faire plaisir. J’espère que ta santé est bonne. Nous trois ça va très bien. Nous pensons toujours à notre chère maman. Papa hier nous avons fait une belle promenade en auto au bord d’un ruisseau. On s’est bien amusé. Je fais lire les petits, j’ai à la cuisine et c’est bien du travail. Mon papa je crois que je n’ai plus rien à te dire. Je t’embrasse bien fortJean Muller Michel Muller Ton grand garçon Henri
NEUILLY le 11 janvier 1945
Cher Jean. Cher Michel. Avant propos Je vais vous donner quelques nouvelles de Neuillyqui vous feront bien plaisir. J’ai reçu votre lettrel’autre fois, vous m’aviez dit ce que vous avezeu [à] Noël, moi aussi j’ai été gâté par madameValentin. Le 2 Janvier 1945 j’ai été voir S. Clotildeavec Annette. Comme c’était trop tot alors j’aimonté le Bon Marcher avec Annette. Elle vousa donné un chwg gum pour chacun, c’est adire un pour toi et un pour Michel – Papa vientme voir assez souvent et il voudrait bienque touts les garçons reviennent – Tu saisJean excuse moi pour l’écriture, mais j’aimal au doigt (un mal blanc) tu saisj’ai toutes les deveines. J’ai encore eu unecrotte à l’oeil. En ce moment il y a dela neige, de la neige, la neige… Mais aujour-d’hui c’est comblé. 15cm de neige ontne peut pas marcher, heureusement quec’est Jeudi, alors ont reste à la grandesalle.1er stade. Alors maintenant parlons de l’ecole Supérieure.Je suis rentré à l’école le 3 Janvier. Très bienreçu par les copains, nous sommes15 dans notre classe – Pour l’arithmétique : c’estl’algebre en sont plein (x + y – z + x) heureuse-ment que j’en ai fait avec l’abbé [?]Orthographe c’est le directeur comme l’annéedernières – Géo : le monde – l’Histoire Ancienne –Chimie – Physique – litérature – Système Métriqueles degrés Anglais – ça peut aller. Juste unmoment une petite histoire. Il y a un petitde 5 ans. Alors les 3 autres ils y ont faitnettoyer les cabinets avec la neige alors ilétait gelé. Il criait : ça brule.Quelle Vie…Je t’envoie une boite de peinture. Tu mediras merci cet à dire tu m’écrirasEst-ce que vous avez reçu les couteaux-Brian est venu. Lemoine aussi etMon [bronefaye?] aussi. Nous avons eutla visite de Miss Rolland et Mr Desprez. Rollandreviendra demain. Alors je n’ai plu riena te dire. Je t’embrasse bien ainsi que Michel Votre grand frère Henri Muller
Versailles le 27.3.45
-Mon cher papaLes vacances sont commencées et nous nous amusons très bien.Nous jouons aux soldats, et atoutes sortes de jeux. J’espère quetoi tu vas très bien et que Pierreva bien aussi. Je vais te donner l’adresse pour la Fêtequ’il y aura le Dimanche1er Avril, c’est Dimanche quiarrive.Voilà l’adresse 30 rue Saint Hilaire La Varenne ((Seine et Oise))Il faudra prendre le train à10H55 à la BastilleJ’espère que tu y iras avecPierre et Annette. Pour lesenfants Annette pourra manger avec nous, mais pour lesgrandes personnes il faut deman-der au Comite 36 rue Hamelot. Au revoir mon cher papaJean va 36 rue Hamelot Jeudiil prendra le train à 9H22.Donc il arrivera à Pariscomme l’autre fois vers 9H50-10HJe t’embrasse bien fort Henri Muller.
1945
Mon cher Henri.Merci beaucoup de tes lettres, elles m’ontfaient toutes les 2 un plaisir vraiment grandet un peu de déplaisir.Du déplaisir surtout, c’est parce que tuperds si vide confiance en moi. Que je net’ai pas envoyé tout de suite tes affaires, çaje sais, j’ai tort, très tort même, mais je t’ex-pliquerai tout à l’heure pourquoi je ne te les ai pas envoyées. Mais que tu doutes que j’ai encore dépensé l’argent que tu m’as don-né, alors mon Henri, ça, ça ne va plus. Maisalors pour qui me prends-tu ? Quand au colis que tu m’as dit de t’en-voyer, écoutes bien ce que je vais t’en dire.Le jour que je suis arrivée, je n’ai pu rienfaire, c’était le soir, tu me comprend n’est-ce pas. Bon. Le lendemain ça a déjà com-mencé à me tracasser – donc je vais dans lachambre de Marc et lui demande tes affaires,tu vois que quand même, je voulais tenirmes promesses, donc au fond, je ne suis pas tout à fait comme tu le crois. Mais re-venons au sujet. Donc, Marc me donnetes affaires, une caisse énorme, lorquej’ai vu ça, ça à commencer déjà à me refroidir. Je ne suis pas su tout débrouil-larde, tu le sais bien. Il m’a emmené lacaisse dans la salle de bain de notre cham-bre. Elle y est encore en ce moment. Je luiest dit merci, et il est parti. Bon, me voilà alors la caisse entremes mains. Ah ! cette caisse Bon Dieu !Je m’en souviendrais souvent. Elle m’enaura donné du tracas, je t’assure.Je suis curieuse, tu le sais, comme tou-tes les femmes. Pas plus tôt que je l’eusje l’ai ouverte, et bien sur, j’ai vudes choses qui me plaisaient, et qui pourraient très vien me servir pourla cinquième. D’abord le livre de Système Métrique, c’est celui qu’il mefaut, alors je l’ai pris. Les autres li-vres c’est Lotte qui les a pris, pas tousparce qu’elle a vu qu’il y en a qui t’ap-partenaient. Dans ta prochaine lettretu me diras exactement ce qui t’appar-tient oui ou non, car c’est ça qui metracassent le plus. J’ai prit le petitdictionnaire Anglais-Français Laroussesi tu t’en sers, je te le renverrais.Est-ce que tu te sers de la boite à compassi non, ne pourrais-tu pas me la prettez.Tu sais Henri j’ai besoin d’un stylo,très, très besoin, ne pourrais-tu pas m’en envoyer un avec le mantea écossais ?s’il-te-plaît.Tu ne te serais pas douté que je seraisrecu en cinquieme hein ! moi non plusd’ailleurs, on a déjà fait 6 compositions,je n’ai qu’une note le Français, la rédac-tion, quoi ! tu comprends, j’ai 13 sur 20, jesuis troisième sur 28. Puis on a faitune composition aussi, j’ai eu huit etdemi sur 10.Jean m’a écrit, mais je ne me rappel-le plus son adresse. Veux-tu me l’en-voyer, et tu seras un ange. Est-ceque Michel est encore à Paris ?as-tu entendu parlé de l’exposition destravaux d’enfants à Paris. C’est Mé-honcourt qui a eu la victoire.On a une belle salle d’étude main-tenant, c’est l’ancien bureau. Le nou-veau bureau est dans l’ancienne cham-bre de Mme Herman, qui est parti.Jacquie et Bernard se marie aujour-d’hui, et partent le soir à Montpelier.Buart va t’écrire, Albert Grabert mel’a dit, et même Albert te souhaite bon-jour, ainsi que Marc, Lotte, tout le mon-de enfin. Les petits de Bernard deman-dent toujours quand reviendras-tu.J’embrasse bien fort papa, tu lui diraque je me porte bien, que j’irai levoir à Noël, et que j’embrasse toutle monde ainsi que Pierrot bien sûr.Bonjour à Rachel et à sa famille. N’oublie pas le manteau et lestylo (si tu peux) ne fais pas comme moi. ta seu (je ne sais même plusécrire soeur maintenant.) ta soeur. Bons baisers. Annettett (mais je suis folle) this is a pen this is a over-coat this is a caisse à Henri Muller
26.12.45
Mons. Muller Henri Chateau de Méhoncourt Route de l’Eventail Le Mans (Sarthe)
M. Muller Manuel (sic) 3 rue de l’Avenir Paris 20eme (Seine)
Cher Papa 26.12.45C’est un peu tard mais je tiens te souhaiter une des bonnes vacances 45-46. Moi aussi je suis en vacances, et je ne perds pas mon temps. Matin lever à 8H ½ - gymnastique 81/2- 9H1/4 - Ensuite de 9H moins le ¼ à 9H Lavage – 9H à 9H1/2 – petit déjeuner. Et après jusqu’à Midi travail : Dessin – decoupage lecture – menuiserie – et l’après-midi – Jeux.Tu vois sa va très bien. Pour le jour de NoëlAnnette a été invité par les Americains. Comme l’Année derniere. Tu sais papa, je regrette de ne pas être près de toi, pour passer ces quelques jours. J’espere que tu vas bien [?]que. J’ai reçu le colis. Merci beaucoup.Dis à Michel qu’il m’écrive. Je joue aussi au Ping-Pong et au Foot-Ball. Je ne m’ennuie pas comme à Neuilly. Je t’embrasse bien fort Henri Muller Annette
26.12.45
Cher Papa 26.12.45 Et l’instant que je viens de finir la première lettre on m’apporte ta lettre datée lundi 24. Je suis très content. Ne te désole pas Annette n’est pas malade. C’était un rhume. A nnette à tout ce qu’il lui faut comme habillage culotte longue, soulier, menteau. Donc ne t’occupe pas de sa. Moi on m’a donné n imperméable et des bonnes chaussures et on va me donner un menteau. On m’a aussi donné un complet avec 2 culottes longues. Tu vois je suis bien habillé. Donc tu vois, tout va bien chez moi. Viens vite au jour de l’an. Papa, je vais t’envoyer le plutot possible 5 batons de soudures d’étain avec une petite boite d’ [?]. J’en ai déjà vu au Mans. C’est très trouvable. Le marcher est tous les vendredi. Donc j’irai… Je t’embrasse bien fort. Henri MullerMon Cher papa, il ne faut pas croire que je suis malade, oui j’ai unerhume mais c’est finit. Je t’attendsavec impatience.Annette Ta petite fille qui t’aime bien. Bons baisers
Dans un souci de préserver le moindre détail de mon histoire avec les Muller et de garder le fil de ce que nous essayions de tisser, j’ai régulièrement consigné dans un carnet -curieusement de la marque Mnemosyne- des impressions, des descriptions de ce qui s’était passé dans la journée. Ces notes, partagées ici sous forme de blog, apportent de nouvelles clefs de lecture et livrent des informations sur les coulisses de mon aventure touchante et espiègle avec Henri. On y découvre un vieil enfant à la fois facétieux et porteur de la mémoire familiale. Une bien lourde responsabilité mais qu’il honore avec élégance, générosité et humour. Elégante, généreuse et pleine d’humour : c’est le portrait qu’Annette, Henri, Jean et Michel ont justement fait de leur mère Rachel.
Le 21 juin 2021, Henri est retourné sur les traces du jeune garçon qu’il était le 16 juillet 1942. Dans ce film, il nous invite à découvrir l’histoire de la rafle du Vel d’Hiv à travers les pas de sa famille ce matin-là. Partant du haut de l’escalier au 3 rue de l’Avenir, il marche jusqu’à la Bellevilloise avant de s’enfuir place du Guignier.
Read the full transcription of the testimony from Henri Muller lire ici.
Read the full transcription of the testimony from Jean Muller lire ici.
Read the full transcription of the testimony from Michel Muller lire ici.
Annette Monod, a Red Cross social worker, describes the conditions in the camps of Pithiviers, Beaune-la-Rolande and Drancy: lire ici.
Marcelle Duval, volontaire à la Croix-Rouge, raconte ce qu'elle a vu au Vélodrome d'Hiver après la rafle du 16 juillet 1942: lire ici.
Read the testimony from Red Cross social worker, Micheline Cahen: lire ici.
Read about Annette's testimoney on the Mémorial de la Shoah Foundation wesbite, lire ici (in French).
Summer 1942 - The families of the Vel d'Hiv in the camps of Pithiviers and Beaune-la-Rolande (in French), lire ici.
«The Vel d’Hiv, invisible and unforgettable» - from the Histoire par L'image (in French), lire ici
From SciencesPo, "La Rafle du Vélodrome d'Hiver, 16-17 Juillet 1942," found lire ici.
From the Mémorial de la Shoah Foundation, read about the Vel d'Hiv families in the Pithiviers and Beaune-la-Rolande camps lire ici.
Transcription d'extraits du témoignage de George Wellers au procès d'Eichmann (9 mai 1961) lire ici.
"A journey like no other" by Samuel Muller, featuring his father Michel (in French): regarder ici
Marcelle Duval, volunteer for the Red Cross, recalls what she saw in the Vélodrome d'Hiver after the July 16, 1942 roundup: regarder ici.
Micheline Cahen, a social worker in Beaune-la-Rolande who was recognized as Righteous of the Nations, testifies on the conditions in the camp (in French): regarder ici.
Micheline Cahen recalls the separation of families in Beaune-la-Rolande on the eve of the deportations: regarder ici.
Micheline Cahen recalls the deportations and the closing of the camp: regarder ici.
1938 film on the Lamarck Asylum: regarder ici.
George Wellers at the Eichmann trial: Arrival of the Vel d'Hiv children at the Drancy camp: regarder ici.
From Akadem, a video on the looting of Jewish apartments in Paris (in French): regarder ici.
United States Holocaust Memorial Museum (USHMM) Collections